ICV

 

Intégration du Cycle de la Vie (Lifespan Integration)
Relier les états du moi à travers le temps

L’intégration du cycle de vie – ICV/LI (Pace, 2003) est une psychothérapie développée aux États-Unis, dont les fondements théoriques cherchent à s’articuler aux modèles neurophysiologiques du stress (Porge, 1994) et de la neurobiologie interpersonnelle (Shore, 2001). Son objectif est de permettre la neuro-intégration des expériences autobiographiques, notamment des traumatismes et des états de stress non résolus, vécus dans le passé. Ces expériences douloureuses, mal encodées par l’hippocampe cérébral (encodage mémoire) du fait de l’excès de cortisol cérébral (hormone du stress) sont maintenues dissociées. La partie consciente et raisonnable du cerveau s’adapte à ces épreuves en continuant à faire face, mais une autre partie de soi en état de souffrance, déconnectée, peut se maintenir durablement. Lorsque ces «états du passés» sont activés, ils peuvent influencer négativement le présent et générer colère, conduites irrationnelles ou un sentiment de mal être, comme si on ne se sentait pas à sa place, «mal dans sa peau». 

Certains enfants ayant vécu des troubles de l’attachement ou qui ont été confrontés à des séparations traumatiques, à l’occasion par exemple d’hospitalisations consécutives à une longue maladie, risquent de connaîtr e un développement entravé. Les enfants victimes de carences affectives ou de mauvais traitements peuvent eux aussi grandir sans véritablement se sentir exister, en ayant le sentiment étrange d’être ailleurs, comme si une partie d’eux les empêchait de vivre pleinement le présent. L’insécurité affective les conduit à engager un dialogue mental qui façonne une image négative d’eux-mêmes : «J’ai peur», «Je ne suis pas à la hauteur», «Je ne me sens pas capable», «Je ne peux pas contrôler», «Ce n’est pas moi», «Je me sens impuissant», «Personne ne s’intéresse à moi». 

L’un des outils spécifiques à l’ICV est la ligne du temps : une liste de souvenirs choisis par le patient, chronologiquement ordonnés jusqu’au présent. L’objectif est de produire de très courtes connexions avec les états de détresse passés, par une lecture itérative des souvenirs signaux (passé/présent, passé/présent), afin de faciliter leur intégration en mémoire autobiographique. Au cours d’une séance ICV, le thérapeute guide son patient sur cette cette matrice temporelle afin de le faire circuler entre le passé et le présent et permettre un retraitement progressif des souvenirs douloureux jusqu’à l’extinction des signaux d’éveil neurophysiologiques (expérience d’exctinction). Le passage répété sur la ligne du temps permet au psychisme de comprendre que le temps a passé, qu’il a surmonté les épreuves et que les choses ont changé. L’intégration de souvenirs «flottants» en mémoire autobiographique renforce les connexions à soi, procurant un sentiment de maitrise et d’unité qui permet au patient de se sentir acteur de sa vie. Cette approche douce et progressive renforce l’expansion du Soi par une prise de conscience étendue de son histoire et des ressources mobilisées pour avancer.





Lors des séquences, le patient a les yeux fermés, ce qui facilite l’activation d’une mémoire du corps faite de sensations, de mouvements et d’images. Cette approche permet donc de contourner les difficultés liées au langage car il n’est pas toujours facile pour les patients de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Ce processus imprègne le Soi à un niveau plus profond qu’au cours d’une thérapie par la parole car parler de son passé ne suffit pas nécessairement à passer à autre chose et à se sentir mieux.

L’ICV peut être utilisé à tous les âges de la vie et fonctionne même si l’on a des difficultés à se souvenir de son passé. La reconstruction progressive du «fil de l’histoire» permet de relier les différents épisodes de la vie en un tout cohérent. La personnalité disloquée par les épreuves de la vie se réorganise peu à peu, favorisant une maturation profonde du moi adulte et le développement d’un sentiment de bien être intérieur.